Tuesday, 22 September 2015

L'orthoréxie : quand manger sain devient une psychose



Je ne vous présente plus l’anorexie et la boulimie, les deux troubles du comportement alimentaire les plus connus et répandus. Mais depuis quelques années, émerge une nouvelle pathologie alimentaire, qui a été identifiée et décrite par le Docteur Bratman : l’orthorexie.

Qu’est-ce que l’orthorexie ?

Contraction des mots grecs « ortho » : correct, et « orexie » : appétit, l’orthorexie consiste à un contrôle obsessionnel de la nourriture ingurgitée, qui doit être parfaitement « saine » (concept complètement illusoire).
La notion de minceur n’entre absolument pas en compte, à la différence de l’anorexie et de la boulimie. C’est donc un trouble alimentaire d’ordre qualitatif et non plus quantitatif.


Ce trouble a été décelé  à la fin des années 90, et est, entre autres, la conséquence des conseils alimentaires dictés, dans une moindre mesure par le monde médical, mais surtout par les médecines non conventionnelles (naturopathes,  acupuncteur, phytothérapeutes …) et largement relayés par les médias et l’industrie agro-alimentaire. En exemple : l’émergence du « Bio », des Labels, des alicaments et autres aliments « santé », mais aussi la diabolisation de certain aliments ou nutriments (le gluten, le lait de vache, l’huile de palme, les graisses hydrogénées …). Ces conseils généraux, deviennent, pour les orthorexiques, des règles impératives à suivre au pied de la lettre et vont jusqu’à générer une forme de psychose.

Pourquoi est-ce dangereux ?

Il est effectivement légitime de se demander en quoi une alimentation excessivement saine peut-elle être mauvaise.
Tout réside dans le « excessivement » bien entendu, car l’excès, quel qu’il soit, n’est jamais bon.
 Ainsi, chez l’orthorexique, tout aliment devient source de méfiance : il ne faut pas manger trop de sel (mauvais pour le cœur), ni trop de sucre (incidence sur le diabète), ni de graisses saturées (cholestérol), il faut consommer des fruits et des légumes (pour éviter les cancers) mais uniquement bio et sans pesticides (pour la même raison), il faut éviter tous les conservateurs, les additifs, les colorants, il faut consommer des produits céréaliers complets, éviter le pain blanc, bannir le lait de vache, mais aussi le soja (phytohormone) etc …
L’orthorexique pousse à l’extrême l’idée d’une alimentation saine, à tel point qu’il va rapidement mettre de côté toute vie professionnelle et familiale normale, en s’isolant socialement. Sa quête de l’alimentation parfaite l’obsède à tel point qu’il peut passer plus de 3 heures par jour à penser et organiser ses prises alimentaires.
Il perd par conséquent  tout plaisir gustatif : pour lui, manger a uniquement pour but de vivre plus longtemps et en meilleure santé.

Une maladie d’actualité

Depuis une 15 aine d’années, il ne se passe pas une semaine sans que les médias ne nous alertent sur un aliment potentiellement dangereux : la maladie de la vache folle, la tremblante de l’agneau, la grippe aviaire, les organismes génétiquement modifiés, les bactéries (E. Coli), la dioxine, les métaux lourds dans les poissons, l’aspartam cancérigène, le lait de soja riche en isoflavone etc …

Par ailleurs, les  organismes de santé cumulent les recommandations alimentaires : pas trop de sucre ni de graisses saturées, 5 fruits et légumes par jour, des produits laitiers à chaque repas  etc … tout autant de conseils certes bons à prendre, mais les orthorexiques ne font pas la part des choses et appliquent tout cela sans discernement, comme de véritables dogmes. Le moindre écart est une vraie faute qui devient source de culpabilité énorme voire même d’angoisses.

Comment en faire le diagnostic ?

Le Dr Bratman en 1997, a mis au point un petit test permettant rapidement d’identifier ce trouble alimentaire en quelques questions ci-après :

-          Passez-vous plus de 3 heures par jour à penser à votre régime alimentaire ?
-          Planifiez-vous vos repas plusieurs jours à l’avance ?
-          La valeur nutritionnelle de votre repas est-elle, à vos yeux, plus importante que le plaisir de le déguster ?
-          La qualité de votre vie s’est-elle dégradée, alors que la qualité de votre nourriture s’est améliorée ?
-          Êtes-vous récemment devenu plus exigeant(e) avec vous-même ?
-          Votre amour-propre est-il renforcé par votre volonté de manger sain ?
-          Avez-vous renoncé à des aliments que vous aimiez au profit d’aliments « sains » ?
-          Votre régime alimentaire gêne-t-il vos sorties, vous éloignant de votre famille et de vos amis ?
-          Éprouvez-vous un sentiment de culpabilité dès que vous vous écartez de votre régime ?
-          Vous sentez-vous en paix avec vous-même et pensez-vous bien vous contrôler lorsque vous mangez sain ?

Selon lui, une réponse positive à plus de 4 de ces questions révèle une  tendance à l’orthorexie, et une réponse positive à la totalité des questions révèle une orthorexie avérée et sévère.



Attention donc à ne pas prendre pour argent comptant toute recommandation alimentaire quelle qu’elle soit et d’où qu’elle vienne.
Si certains conseils sont de bons sens et donc évidemment  bons à prendre (limiter la « junk-food », manger des fruits et des légumes frais et réduire les graisses saturées …), il ne faut cependant pas oublier que manger doit avant tout être une source de plaisir et que le meilleur remède santé réside dans la variété de ses menus. Un verre de vin, une assiette de frite ou même un hamburger de temps en temps n’a jamais tué personne !

Il n’y a pas UNE liste d’aliments qui contiennent tout ce qui est bon, et rien de mauvais, mais  il y a tous les aliments qui apportent chacun une pierre à l’édifice de l’équilibre alimentaire et d’une bonne prévention médicale.

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