Elle fait parler d'elle depuis 2015, date à laquelle le gouvernement a proposé cette fameuse loi visant à interdire aux agences de recruter des mannequins dénutries (j’en parlais à l’époque ici).
Alerté par des modèles toujours plus maigres, et une recrudescence des troubles alimentaires chez les jeunes filles (deuxième cause de mortalité chez les 12-24 ans), le gouvernement a finalement obtenu gain de cause au début du mois de mai, puisque deux décrets sur la loi mannequin ont été enfin publiés au journal officiel, 1 ans et demi après qu’ils aient été votés.
Cela sonne t’il le glas de l’apologie de la maigreur ? Rien n’est moins sûr malheureusement.
Petit décryptage :
Quels sont ces deux décrets ?
Le premier oblige la mention « photo retouchée » sur toute photo à usage commercial, dès lors qu’elle aura subi une modification à l’aide d’un logiciel de retouche pour changer l’apparence corporelle du mannequin. (L'affiche du festival de cannes 2017 qui a tant fait polémique devrait par exemple porter cette mention)
Le second oblige chaque mannequin travaillant en France, à fournir un certificat médical attestant de sa bonne santé, valable deux ans et délivré par la médecine du travail.
Pourquoi est-ce perfectible ?
D’après l’organisation mondiale de la santé (OMS), l’IMC en dessous duquel une personne est considérée comme maigre est de 18.5.
Or, la loi mannequin autorise un IMC allant jusqu’à 17, en justifiant qu’une femme peut être constitutionnellement maigre tout en étant en bonne santé.
De même qu’une personne peut avoir des troubles sévères de l’alimentation et un IMC à 19.
Or, la loi mannequin autorise un IMC allant jusqu’à 17, en justifiant qu’une femme peut être constitutionnellement maigre tout en étant en bonne santé.
De même qu’une personne peut avoir des troubles sévères de l’alimentation et un IMC à 19.
Ce qui est vrai.
Alors quel est le problème (me demanderez-vous) ?
Je dirais qu’il y a deux aspects dans cette loi : tout d'abord la protection des mannequins en tant que personnes et ensuite le problème de l’image qu’elles ont sur les consommateurs, en particuliers les jeunes consommatrices qui ont tendance à s’y identifier.
Les deux sont à prendre en compte bien sûr : il est évidement important de protéger les mannequins des dérives alimentaires, provoquées par les exigences totalement aberrantes des agences. Qui n’a pas, par exemple, été profondément choqué par ce récent fait-divers, d’une agence recrutant ses mannequins à la sortie d’hôpitaux pour anorexique ?
En ce sens, ce décret est indispensable.
En ce sens, ce décret est indispensable.
En revanche, concernant l’aspect de l’image déformée de la femme et ses conséquences sur les consommatrices (qui est un vrai problème de santé publique), cet IMC de 17 est beaucoup trop bas.
Qu’un mannequin qui mesure 1m75 et pèse 52 kg (IMC de 17) soit en bonne santé ou anorexique n’est pas la vraie question (ce n’est pas marqué sur son front) dans la mesure où ça ne change en rien son extrême maigreur.
Qu’un mannequin qui mesure 1m75 et pèse 52 kg (IMC de 17) soit en bonne santé ou anorexique n’est pas la vraie question (ce n’est pas marqué sur son front) dans la mesure où ça ne change en rien son extrême maigreur.
Par ailleurs, un certificat médical délivré pour une durée de deux ans part certes d’une bonne intention, mais n’est pas suffisant dans un milieu où les modèles sont souvent amenées à perdre du poids très rapidement avant un défilé.
Aussi, pour que ce décret fasse réellement avancer les choses, je pense qu'il aurait été souhaitable que l’IMC minimum des mannequins soit fixé à 18 ET qu’il soit vérifié avant chaque défilé et chaque shooting. Ce qui parait, malheureusement, difficilement réalisable en pratique.
Et même ainsi, la femme de magazine aurait des mensurations excessivement éloignées de la femme "standard" (même si je déteste ce mot) française, qui mesure 1m63 et pèse 63 kg pour un IMC à 23.4, alors pourquoi un tel écart?
Quelles solutions envisager alors ?
J’en reviens à la même conclusion que précédemment : ne serait-il pas possible d'envisager une image de la femme publicitaire plus proche de la réalité ?
Les agences ne pourraient-elles pas recruter des mannequins aussi diversifiées que la population française, avec par exemple des quotas à respecter : une majorité de femme dont l’IMC serait proche de 23, à savoir la française moyenne (sans appellation grande taille évidement), une minorité de femme à l’IMC proche de 18 et quelques mannequins grande taille (IMC proche de 30)?
Les agences ne pourraient-elles pas recruter des mannequins aussi diversifiées que la population française, avec par exemple des quotas à respecter : une majorité de femme dont l’IMC serait proche de 23, à savoir la française moyenne (sans appellation grande taille évidement), une minorité de femme à l’IMC proche de 18 et quelques mannequins grande taille (IMC proche de 30)?
Cette idée semble plus proche de la douce illusion que d'une solution envisageable, mais il ne coûte rien de l'évoquer.
Un jour peut être ...
Besos todos
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