A aiguilles, digitale, parlante, analysant la masse grasse, comparant les dernières mesures ou affichant simplement notre poids, la balance se décline en d’innombrables versions et rares sont les personnes qui n’en ont pas une dans leur salle de bain.
On entretient souvent une relation mouvementée et ambivalente avec elle : lorsque tout va bien, elle est notre premier geste du matin, et la lecture de son résultat nous met en joie pour la journée.
Jusqu'à ce que rien n’aille plus, qu’elle nous ait offensée et que nous décidions de couper les ponts en attendant qu’elle soit plus clémente , la laissant alors prendre la poussière et l’ignorant superbement (mais non sans entretenir une culpabilité dévorante).
Mais pourquoi une telle emprise ? Et si nous arrêtions de laisser la balance régir notre humeur et jouer les dictateurs ?
Pourquoi les chiffres sur la balance sont à prendre avec des pincettes ?
Je ne compte plus les patientes qui viennent en consultation avec un sacro-saint poids à atteindre, objectif auquel elles ne dérogent pas. Il arrive souvent que leur poids se stabilise naturellement légèrement au-dessus de cet objectif et que je leur suggère de s’arrêter là. La réponse est souvent la même : je suis contente de ma silhouette, mais je veux atteindre ce poids que je me suis fixée et n'arrêterais pas avant.
Ainsi au lieu de se stabiliser naturellement au poids auquel l’organisme semble dire stop, elles forcent (pour atteindre un chiffre) en augmentant privations et frustrations avec un risque augmenté d’échec, de reprise de poids et de dévalorisation.
Le poids n’est qu'un chiffre vide de sens et en aucun cas révélateur d’une silhouette !
Le poids d’une personne est celui, de sa masse osseuse, de sa masse aqueuse, de sa masse graisseuse et de sa masse musculaire. Ainsi, à taille et poids égal, deux personnes peuvent avoir une silhouette totalement différente : une personne musclée et dotée d’une forte ossature sera plus mince qu’une autre personne moins musclée et ayant une ossature fine.
Prendre pour objectif le poids de sa copine super gaulée n’a donc pas de sens.
Plus significatif encore, une même personne peut avoir, à deux moments de sa vie, des silhouette totalement différentes pour un même poids, si tant est que leur masse musculaire ait varié.
Dans le même ordre d'idée, vouloir faire le poids de ses 20 ans quand on en a 50 est souvent aussi irréaliste car la composition corporelle et le métabolisme changent avec l’âge. La masse musculaire a tendance à s’amoindrir et nous brûlons moins de calories.
Il est donc fréquent que, pour retrouver (ou garder) la silhouette de ses 20 ans à 50 ans, on doive peser moins lourd car on perd du muscle qui est plus dense que la graisse (plus lourd pour un même volume).
Il est donc fréquent que, pour retrouver (ou garder) la silhouette de ses 20 ans à 50 ans, on doive peser moins lourd car on perd du muscle qui est plus dense que la graisse (plus lourd pour un même volume).
Enfin, nous sommes susceptibles de prendre du poids (en muscle) sans grossir en se mettant soudainement à la pratique assidue d’un sport.
La prise de poids affichée sur la balance risque donc d’être source de stress, alors qu’un corps plus musclé (et donc plus lourd) est au contraire un atout (je vous rappelle que c’est le muscle qui brûle les calories et non le gras).
La prise de poids affichée sur la balance risque donc d’être source de stress, alors qu’un corps plus musclé (et donc plus lourd) est au contraire un atout (je vous rappelle que c’est le muscle qui brûle les calories et non le gras).
Pourquoi ne faut-il pas se peser tous les jours ?
Les processus de lipogenèse (= fabrication de la masse grasse) et de lipolyse (=dégradation de la masse grasse) ne se font pas en une nuit. Un repas riche (ou même une journée) ne va pas provoquer de prise de masse grasse le lendemain, de même qu’un repas très léger ne va pas susciter d’amaigrissement immédiat. La lipogenèse et la lipolyse sont donc des mécanismes qui demandent du temps.
Ainsi si nos excès alimentaires doivent avoir une répercussion sur notre poids, ce ne sera le cas en moyenne que 2 à 3 jours plus tard (et inversement pour la perte de poids).
Ainsi si nos excès alimentaires doivent avoir une répercussion sur notre poids, ce ne sera le cas en moyenne que 2 à 3 jours plus tard (et inversement pour la perte de poids).
Par conséquent, la pesée quotidienne peut être trompeuse, déstabilisante et décourageante pour ceux qui pensent qu’elle est le résultat de l’alimentation de la veille.
Par ailleurs, n’oublions pas que le poids varie beaucoup de façon normale : au cours d’une même journée (parfois jusqu’à 1 kg entre le matin et le soir), en fonction du stade de la digestion, de la rétention d’eau (ou de la déshydratation) ou du stade du cycle hormonal pour les femmes.
Comment je surveille ma ligne alors ?
Il ne s’agit pas forcément de reléguer notre balance au placard, mais juste de ne pas lui prêter parole d’évangile et de prendre du recul quant au chiffre qu’elle indique. Une pesée hebdomadaire est le maximum pour ne pas tomber dans la psychose.
Un bien meilleur indicateur de notre silhouette restera un vêtement « test », un pantalon (non stretch) par exemple, ou le bon vieux mètre couturier.
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