Wednesday 15 June 2016

Les applis de régime : je télécharge ou pas?




Vous avez été plusieurs à me demander ce que je pensais des applis smartphone de type compteur de calories. Elles sont très nombreuses sur le marché et sont très largement téléchargées : de My fitness Pal à Fatsecret en passant par Lifesum, elles rencontrent un grand succès.

Pourquoi un tel engouement ?

Tout simplement parce qu’elles permettent leur utilisateur d’être leur propre diététicien ! Plus de régime à suivre, d’aliments à peser, de liste d’aliments autorisés et interdits. On mange ce qu’on veut, dans la limite de la barrière calorique qui nous a été établie. Et si l’envie nous prend de se faire une journée tartines de Nutella, qu’il en soit ainsi.


Mon avis

Si vous me lisez régulièrement, vous devez savoir que mon avis est partagé sur la question.

Tout d’abord, je ne suis pas fan du comptage de calories, qui à mon sens parasite l’écoute de nos besoins.
En revanche, le fait d’avoir une liberté totale quant à la nature de ce qu’on choisit de manger, va cette fois plutôt dans le sens d’une écoute de nos envies  (tout du moins au début de la journée quand on a à disposition toutes les calories).

Reste de gros point noir de ces applications : l’établissement du niveau calorique à ne pas dépasser.

Comment est calculé le niveau calorique à atteindre ?

C’est là que le bât blesse !
C’est à partir de vos réponses à 4 questions sur votre âge, votre poids actuel, votre objectif de poids et votre taille que l’application vous établit LE niveau calorique à atteindre.
Il ne prend absolument pas en compte les facteurs de variabilité tels que :

          - Votre métabolisme de base (qui est propre à chacun et très changeant d’une personne à l’autre)
          - Votre activité physique
          - Votre « passif » de régime : avez-vous déjà fait des régimes restrictifs ? Etes-vous un petit ou un gros mangeur ? Etes-vous en restriction continue depuis plusieurs années ?

Le fait est qu’à poids, taille et âge égaux, deux personnes peuvent avoir des besoins caloriques foncièrement différents. Ces applis prennent donc le parti de proposer des niveaux caloriques bas, pour que l’amaigrissement fonctionne pour tout le monde. Au risque d’astreindre des personnes dont les besoins sont plus élevés, à un niveau calorique trop bas, provoquant ainsi, certes un amaigrissement, mais aussi de la faim et vraisemblablement des frustrations.

Alors comment évaluer justement ses besoins caloriques ?

A moins d’être en possession d’une machine très performante qui mesure la calorimétrie respiratoire (faisable en milieu hospitalier uniquement), la façon la plus juste d’évaluer les dépenses caloriques d’un individu est de faire une enquête alimentaire détaillée. Cette enquête, si elle est bien menée, permet d’établir le niveau calorique consommé en moyenne par jour.

Il est ensuite mis en relation avec l’évolution du poids de la personne :

        -  Si la personne a un poids stable : ses dépenses caloriques sont à peu près au niveau de ses apports, donc du niveau calorique journalier établi par l’enquête
        -   Si la personne a un poids qui est en augmentation régulière : ses dépenses caloriques sont légèrement en dessous de ses apports (plus ou moins en fonction de la courbe de prise de poids plus ou moins ascendante)
         - Si la personne fait déjà attention à son alimentation et est en phase d’amaigrissement : ses dépenses sont légèrement supérieures à ses apports.

Pourquoi est-il primordial de bien évaluer ses besoins caloriques ?

Tout simplement parce qu’il est contre-productif de s’infliger des régimes trop basses calories à répétition et dès le plus jeune âge (ce qui est de plus en plus souvent le cas).
Une femme dont les besoins sont de 2000 calories par jour, et qui pourrait facilement perdre du poids à 1600 voire 1700 calories, et qui va s’infliger un régime à 1200 calories, risque d’une part de dérégler son métabolisme (qui, sur le long terme, adapte ses dépenses à ce qu’on lui apporte) et d’autres part, de générer faim et frustrations, avec un effet rebond à la fin de la diète ( provoquant le phénomène du poids en yoyo).



Et l’équilibre dans tout ça ?

Ces appli, pour la majorité, n’abordent que très peu voire pas, la notion d’équilibre alimentaire.
En pratique, on peut manger du fromage ou du chocolat toute la journée, du moment qu’on est dans le seuil calorique conseillé : on est félicité.
Sur ce point, je trouve que l’application permet de dé-diaboliser des aliments plaisirs, et de mettre fin à la croyance ancestrale qui fait rimer régime avec « fadeur » et « poisson vapeur ».
Par ailleurs, dans les faits, on constate que si l’on réussit à être vraiment à l’écoute de ses envies, sur le long terme, celles-ci traduisent assez-bien nos besoins physiologiques et on mange naturellement assez équilibré.

Par exemple, quelqu’un qui aura été frustré par des privations à répétitions, et qui va choisir pour cette expérience de ne manger que ses aliments favoris (burger, frites, pizza, fromage …) va rapidement constater que ses envies évoluent : il se tournera alors naturellement vers des aliments moins caloriques et plus riches en vitamines, fibres et minéraux (fruits, légumes, laitages …).

Verdict

Si ces appli sont assez ludiques et permettent de limiter ses apports caloriques tout en mangeant les aliments qui nous attirent, je reste convaincue que notre meilleur régulateur calorique est notre propre organisme et les signaux qu’il nous envoie.
Compter les calories à longueur de journées rend l’alimentation obsédante alors qu’elle devrait être naturelle.
Elles peuvent cependant être utiles à ceux qui surveillent leur poids, dans certains cas précis (au restaurant lorsqu'elles hésitent entre le cheesecake et le brownie ou la bavette et le dos de saumon) en indiquant l'alternative la moins calorique.
A utiliser avec parcimonie !


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